Pour publication. J'ai envoyé ce jour le courrier
suivant aux membres de l'Assemblée Nationale française listés. Je n'ai
en aucun cas l'intention de m'arrêter là.
Brent Frère Rumelange, ce 5 juin
2006
[...]
E-mail: Brent<at>BFrere.net
M. Chevènement, M. Bayrou, M.
Besancenot, M. Bloche, M. Debré, M. Devillier, M. Evin, M.
Hollande, M. Lepen, M. Montebourg, M. Renaud Donnedieu de Vabres, M.
Sarkozy, Mme Boutin, Mme Buffet, Mme Voynet
Je vous
écris pour solliciter votre soutien dans ma requête
auprès du médiateur de la république dans
l'affaire de plainte pour vente conjointe forcée qui m'oppose
maintenant à la DGCCRF (Direction Générale de
Contrôle de la Concurrence et de Répression des
Fraudes). L'ensemble du dossier est disponible sur
http://BFrere.net/VCF,
mais en voici un résumé.
Fin 2002,
je désire acquérir auprès de DELL un ordinateur
portable pour mon épouse. Il m'apparaît qu'il est
impossible de commander la machine sans en même temps commander
un produit de nature différente: une licence de système
d'exploitation. De plus, le choix de l'éditeur de cette
licence ne m'est pas accordé et que le prix de ce produit ne
m'est pas communiqué. Ces trois éléments sont en
contravention avec la loi française en matière de vente
conjointe forcée. Après négociations
infructueuses avec le vendeur (DELL), je suis au regret de devoir
déposer plainte pour vente conjointe forcée et non
publicité des prix auprès de la DDCCRF. Le dossier est
accepté, ensuite transmis à la DRCCRF avec, semble-t-il
de nombreuses autres plaintes de même nature, puis à la
DGCCRF. Un courrier reprenant les objections de DELL m'est alors
transmis. Je prends le temps de répondre point par point aux
arguments de DELL, tous parfaitement démontés (aspect
européen du problème, soi-disant existence du même
fait dans d'autres états de l'Union, impossibilité
technique de répondre positivement à ma requête,
...) Ne recevant ensuite plus aucune réponse à mes
courriers et rappels envoyés à la DGCCRF, je prend la
liberté de les contacter par téléphone. La
réponse est surprenante: face à une fraude massive,
continue, publique, face à une complicité d'abus de
position dominante manifeste, une entente illégale établissant
un monopole de fait et interdisant sans aucune base légale
l'accès au marché des systèmes d'exploitations
aux autres acteurs existants ou potentiels du marché, face à
un détournement financier portant sur des sommes
astronomiques, la DGCCRF pense que « la négociation
est la meilleure voie pour obtenir le changement souhaité de
la part du fabricant ». De plus, exigeant une réponse
écrite à mes courriers, la DGCCRF dit « rechigner
à répondre par écrit sur ce sujet ».
Depuis, le délinquant continue son forfait, mettant à
mal les autres éditeurs de systèmes d'exploitations
(dont certaines sociétés française ou
européennes telles Mandriva, SuSE ou Canonical), renforce
encore la position de quasi monopole d'un éditeur qui avait
pourtant convenu en 1994 avec l'Union Européenne qu'il ne
ferait jamais pression sur les constructeurs pour imposer, en dehors
des règles du marché et de la concurrence, ses
logiciels. Il est a constater ici que le problème n'est plus
un litige entre un simple consommateur et une société
de matériel informatique, mais bien un conflit entre un
citoyen européen et l'état français, qui, par
l'intermédiaire de la DGCCRF, se rend complice d'abus de
position dominante par inaction, et détruit le droit le plus
sacré du consommateur que je suis, à savoir le droit de
choisir ses fournisseur de biens et de services. A cause de cette
complicité constatée de l'état français
avec une société déjà plusieurs fois
condamnée pour pratiques commerciales illégales (dont
dernièrement la condamnation par la Cour de Justice européenne
pour vente liée du logiciel « Media Player »),
on peut constater que les autres grandes chaînes françaises
de vente de matériel informatique emboîtent le pas:
entrez chez Darty ou Boulanger et essayez d'acheter un ordinateur de
type « PC IBM compatible » sans une licence
imposée de ce même éditeur étranger et
vous verrez, tout ceci étant pratiqué à grande
échelle, au vu de tous et toujours en contradiction avec la
loi française sur les ventes conjointes forcées. Cette
situation est d'autant plus regrettable qu'en dehors du fait qu'elle
est illégale et renforcée par le comportement
bienveillant de l'état français, elle met à mal
l'indépendance technologique de la France et de l'Union
Européenne: que dire d'une situation ou toute l'informatique,
mais aussi les télécommunications, bientôt la
télévision et les téléphones portables,
voire nos voitures seront sous contrôle exclusif d'une
entreprise étrangère et d'une « technologie »
secrète ? L'Union Européenne désire pour des
raisons stratégiques bien compréhensibles mettre au
point un système de navigation par satellite (Galiléo)
distinct du système américain « GPS »,
mais fait fonctionner ce système entièrement avec le
système d'exploitation de cette société
américaine. D'autres conséquences totalement
inadmissibles se produisent également, comme la confiscation
de la mémoire audio-visuelle française par cet éditeur
étranger, puisque l'INA vient de mettre en ligne une bonne
partie de ses archives audio-visuelles, mais en imposant l'usage
exclusif du logiciel « Media Player » pour y
accéder, mettant de fait sous contrôle de l'éditeur
de ce logiciel l'accès à ces documents sensée
être ouverts au public. De même, l'état français,
dans une politique à priori bien intentionnée de
réduction de la fracture numérique, prévoit un
plan d'assistance à l'acquisition d'ordinateurs pour les
étudiants, mais en favorisant de fait un seul type de système
d'exploitation et organise dans les écoles des cours
d'initiation à l'informatique en pratique exclusivement sur
des logiciels venant du même éditeur étranger.
Cette société a-t-elle acquis un accord d'exclusivité
avec l'état français ? Cette société
est-elle devenue une régie d'état ?
Mon
problème est donc en fait non un conflit sur un prix (la
licence coûte quelques centaines d'euros) mais un conflit
éthique: en m'imposant illégalement, pour pouvoir
acquérir un ordinateur (chose indispensable de nos jours)
d'accepter les conditions de licence d'un éditeur unique
monopolistique, on me retire mon libre arbitre et on ne me laisse
d'autre choix que de me soumettre au dictât de cette société
étrangère, d'accepter toutes les conditions de son
contrat de licence, on m'oblige à renoncer à mon droit
de choix de mes fournisseurs et on m'oblige à contribuer à
l'augmentation de puissance économique de cet acteur étranger
au détriment des concurrents français ou européens.
De plus, on m'interdit en pratique d'utiliser un système
d'exploitation concurrent, puisque en distordant de la sorte la
concurrence, je ne parviens plus que très difficilement à
trouver le support nécessaire à l'utilisation de tout
autre système d'exploitation, que ce soit sur des sites
officiels (INA, ...), auprès de hot-lines de fournisseurs
d'accès Internet ou de services de banque en ligne, par
exemple. Enfin, je ne suis pas autorisé à ne pas
utiliser le produit logiciel qui m'est imposé, puisque ayant
payé contre ma volonté pour son acquisition, sa
non-utilisation aboutirait dans mon chef en une complicité
d'enrichissement sans cause, puisque j'aurais consciemment transmis
de l'argent à un tiers sans ni bien ni service en échange.
Je voudrais
attirer ici votre attention sur un point: la situation de monopole
est interdite en Europe, et bien que dans les domaines les plus
naturellement monopolistiques (comme la distribution d'électricité,
les transports ferroviaires ou l'opération du réseau
téléphonique), les règles européennes
d'ouverture à la concurrence font que des acteurs nouveaux
sont presque artificiellement créés, et que ces
secteurs sont de fait ouverts à la concurrence. A l'inverse,
et sans qu'aucune justification valable ne m'apparaisse, la
plate-forme informatique la plus répandue, conçue par
IBM, et ouverte à la concurrence (raison de son succès)
se trouve de fait privatisée, captée et soustraite à
la concurrence par une association de malfaiteurs qui regroupe
l'éditeur monopoliste, les constructeurs de matériel,
et semble-t-il maintenant l'état français. Cette
situation, si elle persiste et s'étend, rendra la France et
plus largement l'Union Européenne dans une situation de totale
dépendance technologique vis-à-vis d'une puissance qui,
si elle est toujours amie pour le moment, à clairement des
intérêts stratégiques (énergie,
géopolitique, écologie, ...) potentiellement divergents
aux nôtres. Le fait de contribuer à établir cette
situation de dépendance dans un secteur clef (informatique,
technologies de l'information, télécommunications,
...), même par inaction, envers et contre les lois françaises
et européennes pourront être retenues contre les
responsables politiques qui étaient au pouvoir au moment où
les décisions clef auraient dû être prises, le
jour où les effets de cette dépendance se feront encore
plus sentir.
N'oublions
pas également que la principale ressource naturelle de l'Union
Européenne est la matière grise. En abandonnant ainsi
le contrôle technologique de la base de tout système
informatique à une puissance étrangère, nous
nous cantonnons au simple rôle d'utilisateur d'un outil qui
nous est vendu par l'étranger, à l'image des africains
qui n'ont pas la technologie nécessaire pour construire leurs
propres véhicules et qui doivent se contenter de bricoler nos
vieilles épaves. En effet, toute lutte pour constituer un
logiciel concurrentiel sur cette plate-forme est vouée à
l'échec, puisque par définition on joue sur le terrain
de l'adversaire, qui établi et change les règles à
son seul bon vouloir. Des sociétés comme Corel, Borland
ou Netscape en ont déjà fait les frais. Par cette
inaction coupable, nous perdons en pratique la possibilité de
jouer le rôle dans le futur de leader mondial en matière
de systèmes informatiques, alors que pourtant des états
européens (UK, Espagne, Allemagne, ...), sud américains
(Brésil, Pérou, ...) et asiatiques (Chine, Japon, ...)
ont déjà adopté des lois favorisant l'usage du
système d'exploitation d'origine européen Linux,
principal concurrent sur cette plate-forme, ou de formats ouverts
permettant la concurrence. La France et l'Union Européenne ne
sont-elles pas en train de rater une chance historique pour leur
devenir technologique et économique ?
En
conclusion, je vous demande d'appuyer ma requête auprès
du médiateur de la république afin d'obtenir de la
DGCCRF, sans plus de délai, les actions légales mettant
fin à cette pratique contraire à la loi et à
l'intérêt économique des consommateurs et de
sociétés françaises et européennes et
contraire à l'intérêt stratégique français
et européen. Je pense qu'une condamnation rendrait service aux
constructeurs, leur permettant de se libérer du chantage
exercé par l'éditeur monopoliste qui leur impose
vraissemblablement ces conditions de vente abusives pour leur
concéder des ristournes sur les licences incriminées.
Je vous demande également d'interpeller à ce sujet le
ministre de l'économie, qui semble hésiter quant à
la décision à prendre à ce sujet, et de demander
la constitution d'une commission d'enquête parlementaire afin
de déterminer les raisons d'une telle complicité au
sein même de la DGCCRF (pots-de-vin, intérêts
croisés, ...)
Pour votre
information, de nombreux sites d'utilisateurs de l'outil informatique
et d'Internet, ainsi que « UFC-Que Choisir »
décrivent en long et en large ce problème et mènent
des actions citoyennes pour obtenir le respect de leurs droits
élémentaires de consommateurs responsables.
Je suis à
votre disposition pour tout renseignement complémentaire au
sujet de ce dossier, dont les pièces sont disponibles sur le
site http://BFrere.net/VCF.
En vous
remerciant pour votre lecture attentive,
Brent Frère,
consommateur européen responsable.
--
Brent Frère
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