lilux-info-bounces(a)lilux.lu wrote on 31/05/2005 00:02:56:
Michel Maria-Sube a écrit :
[...]
- l'auteur s'offusque de ce que le
Parlement europeen
n'a pas le droit de proposer des lois; à ma
connaissance, dans tous les pays, le role d'un
parlement est de voter les lois (ou les refuser) non
de les proposer.
Si les sénateurs et députés ne peuvent pas proposer des lois en
Belgique, France ou Luxembourg, je veux bien être pendu... A moins
que je me trompe ?
Dans les trois pays, comme dans la plupart des démocraties parlementaires,
l'initiative législative et en effet partagé entre l'exécutif et le
législatif. Si l'initiative d'une loi émane du gouvernement on parle d'un
PROJET de loi, tandis que si elle émane d'un député on l'appelle
PROPOSITION de loi. Or, en pratique, les lois émanent presque
exclusivement du gouvernement, surtout en France. Tandis que je connais
mal la situation belge, il y a tout d'abord très peu de propositions de
lois de députés, mais ensuite, elles restent le plus souvent bloqué soit à
la Chambre elle même (si la majorité les refuse), soit disparaissent dans
un tirroir du Conseil d'Etat qui doit obligatoirement rendre un avis sur
chaque initiative de loi, mais qui n'a pas de délais fixe pour le faire
(c'est souvent le cas si le gouvernement ne veut pas de cette proposition
de loi).
Il me semble que le rôle du parlement (pôle
législatif) consiste
bien à légiférer, et le conseil européen, lui, devrait faire partie
de l'exécutif. On m'a appris que la démocratie fonctionne bien s'il y a
séparation des pouvoirs et donc que l'exécutif et le législatif
doivent rester indépendants et autonomes. La constitution prévoit -
me semble-t-il- que toute décision est initiée par la commission, et
que la commission doit co-décider de tout. Le parlement me semble
alors juste un machin décoratif, alors qu'étant la seule institution
européenne démocratiquement élue, ça devrait être le contraire, me
semble-t-il...
D'abord sue l'erreur factuelle: Seule la Commission peut proposer une loi,
car elle est censé représenter l'intéret général de l'UE (ni un peuple, ni
un gouvernement) et la co-décision se fait actuellement entre le Conseil
des Ministres et le Parlement européen, et ceci en deux lectures (d'abord
le Parlement, ensuite le conseil, de nouveau le Parlement et enfin le
Conseil . S'il y a désaccord persistant entre les deux, une procédure de
médiation prévue !
Avec le traité constitutionnel, la codécision (donc l'impact du Parlement)
deviendrait véritablement la règle générale et serait étrendue de 70%
actuellement à 95% des cas après ratification de la Constitution ! ce
n'est donc pas du tout négligeable, mais il est vrai ce n'est pas non plus
100 % des cas. Mais si le TCE est refusé on restera encore pendant au
moins 8 ans à 70 % des cas...
Daprès un modèle fédéral classique, le Parlement correspond à la Chambre
des Députés, tandis que le Conseil comme représentant des entités fédérés
correspond à une deuxième chambre du Parlement (Sénat par exemple) et la
Commission est l'exécutif européen.
Quant à la théorie de la séparation stricte des pouvoirs, c'est un schéma
simplifié. En réalité, aujourd'hui, il n'y a pas une démocratie ou le
pouvoir législatif et exécutif ne soient liés d'une manière ou d'une autre
(méchanismes de contrôle de l'un sur l'autre, vote de confiance,
dissolution, vote du budget, partage de la compétence législative, etc.).
Mais quoi qu'il en soit, l'UE n'est pas (encore) une fédération, et pas
non plus une confédération. En science politique, l'UE est parfois désigné
comme UPO (unidentified Political object) ou "OPNI" en français, et c'est
exactement cela. Les schemas d'analyse existants ne fonctionnent
malheuresuement pas. Vu qu'on se trouve dans une structure qui unie 25
pays pour une partie totalement opposé à l'idéé d'une fédération et
d'autres totalement opposés à une simple zone de libre échange, l'union
est une construction totalement inédite et il faudra trouver de nouvelles
solutions pour la garder viable et la rendre plus transparente et
démocratique. Les solutions académique classiques y sont malheureusment
impossible à réaliser. Voila ce qui explique depuis 1957 le développement
de l'UE par petits pas consécutifs (en moyenne tous les cinq ans un
nouveau traité et le traité constitutionnel étant même la quatrième
révision en 12 ans !)